Mikhaïl Boulgakov, Morphine

Il n’y a pas plus addictif que la consommation de substances psychoactives, nous a-t-on expliqué maintes et maintes fois. Pour autant, à tout non-consommateur, une question se pose : qu’est-ce que l’on ressent lorsqu’on est addict ? Le tabac, la cocaïne, l’alcool, les jeux d’argent ou même … la Morphine. L’addiction est omniprésente. Pourtant, on ne la remarque parfois pas. L’ignorons-nous ? La subissons-nous au quotidien ? Sommes-nous déjà tous addicts ?

Grisé, exalté, libéré par cette substance fantastique qu’est la Morphine, le docteur Sergueï Poliakov délivre ce qu’il éprouve lorsqu’il vainc sa douleur persistante, grâce à ses injections, dans son journal. Il nous expose ses craintes, son soulagement, ses faiblesses, ses moments d’ivresse, puis son addiction dans ce carnet. Brusquement, l’intrigue s’associe avec l’impuissance que l’on ressent. Va-t-il nous quitter ? S’arrêter ? Nul autre n’a la réponse que le lecteur, ainsi que Vladimir Mikhaïlovitch, destinataire imprévu de ce précieux journal.

Jamais il n’aurait pu imaginer ce qu’il venait de lire. La lettre pourtant reçue quelques nuits avant sa lecture ne témoignait d’aucun saut d’humeur ou de manière, hormis la présence du mot morphini. On pouvait aussi ressentir l’inquiétude dans cette lettre, l’invitant à le rejoindre et ainsi attester son état maladif. Malheureusement, Vladimir ne pu jamais le rejoindre car quelque temps après cette missive, Poliakov fut retrouvé mort.

On aurait pu le croire guérit par la Morphine, sauvé de ses maux. Pourtant, celle-ci ne faisait que les aggraver tout en les dissimulant. Sa femme, médecin elle-aussi, le savait déjà. Après la première injection, commencerait une descente aux Enfers inévitable. Poliakov le savait aussi, et malgré ses efforts pour arrêter, il ne le put. Le lecteur est mis en garde. L’addiction est dangereuse, mortelle et inéluctable. Néanmoins, des remèdes existent ?

C'est l'addict du
Wootz, qui sans se soucier,
Forge son cercueil

Note : 7 sur 10.

Contraintes d’écriture : Texte: I – G – J – O + Haiku: C – W – F

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